Attaque du papillon du palmier, chez nous !

Mardi 22 novembre 2016, à l’issue de notre conférence mensuelle au lycée d’Apt, Yannick et Claude Fournier ont apporté un petit bocal contenant une quinzaine d’exuvies (de mues) de chrysalides du papillon du palmier Paysandisia archon !

Aussitôt alertée, je suis allée voir chez eux, aux hameaux des Cordiers, sur la commune de St-Saturnin-lès-Apt, le palmier attaqué et mort.
Il s’agit d’un palmier du genre Trachycarpus et plus précisément de Trachycarpus fortunei reconnaissable à ses palmes en éventail et non pennées comme celles du genre Phoenix par exemple.

Yannick m’a signalé l’attaque de trois autres palmiers en plein centre de St-Saturnin-lès-Apt, au-dessous de la pharmacie, et en y allant pour faire des photos, j’en ai découvert deux autres au-dessus du parking de la maison de retraite.



Je pense qu’il serait intéressant de recenser ces attaques sur les communes du Pays d’Apt.

L’abattage partiel du palmier des Cordiers a eu lieu dimanche 27 novembre et nous avons récupéré le maximum de matériau (fibres, cœur décomposé) pour trouver tous les stades du papillon !

C’est ainsi que nous avons trouvé un grand nombre de chenilles dont la majorité étaient au stade ultime de la croissance et donc prêtes à se nymphoser, mais il y avait d’autres plus jeunes de 3 à 4 cm.


Il y avait également des œufs mais vides donc blancs et troués (visibles à la loupe binoculaire !).


Mais nous avons eu plus de mal à trouver, en dépiautant des fibres très serrées, des cocons vides ou contenant des nymphes.


L’ensemble de cette récolte a été placé dans deux terrariums pour la confier à Alain Camard, entomologiste qui en fera une étude et un élevage si possible pour avoir la sortie des adultes et ensuite les éliminer très méticuleusement !

Le Ravageur : Paysandisia archon

D’où vient-il ?


Originaire de l’Amérique du sud, Uruguay, Paraguay, Brésil et du centre de l’Argentine. Les premiers cas recensés datent de 2001 en France suite à une importation de palmiers. C’est uniquement la larve qui est responsable des dégâts sur les palmiers tout particulièrement le Trachycarpus fortunei, le Chamaerops humilis et le Phoenix canariensis

Description de ce papillon et cycle biologique


C’est en fait un assez grand papillon d’une envergure de 9 à 11 cm qui ne passe pas inaperçu en vol de jour alors qu’au repos ses ailes antérieures repliées en toit, de couleur vert-bronze avec quelques stries le rendent peu visible !

Les ailes postérieures sont rouge-orange avec une bande noire interrompue par 6 taches blanches du plus bel effet.





Il existe un dimorphisme sexuel : les femelles sont plus grandes que les mâles et surtout possèdent un ovipositeur* (organe de ponte) saillant à l’extrémité de l’abdomen.




Ce papillon actif en été se caractérise par une seule génération annuelle mais son cycle biologique complet peut durer 1 à 2 ans selon le développement des stades larvaires.


La femelle pond entre 140 à 200 œufs en une dizaine de jours. Ceux-ci sont déposés près de la couronne sommitale du stipe* (sur le plan anatomique les palmiers n’ont pas de vrai tronc comme les Dicotylédones) à l’aisselle des jeunes palmes. Ces œufs sont de la taille d’un grain de riz et possèdent 7 petites côtes longitudinales caractéristiques.





À l’éclosion, deux à trois semaines après, les jeunes chenilles pénètrent dans les tissus du palmier en creusant de longues galeries. Ces larves vont subir plusieurs mues avant d’atteindre leur taille maximale d’environ 8 à10 cm !






A ce stade, elles vont entrer en nymphose et pour cela vont confectionner un cocon de fibres du palmier difficilement repérable dans la masse de la couronne. À l’intérieur du cocon la chrysalide ne bouge pas, ne mange pas et va être le siège de transformations considérables puisque ses tissus se liquéfient préparant ceux qui donneront les tissus de l’imago (adulte).


On parle alors de métamorphose complète. La dernière mue pour donner l’adulte appelée mue imaginale a lieu en principe en été ; c’est alors que l’on peut trouver le long et au pied du stipe les exuvies…

Les symptômes

  • Justement la présence d’exuvies sur le stipe surtout en été
  • Dépérissement du palmier
  • Perforations des palmes
  • Dessèchement anormal des palmes

Moyens de lutte


Plusieurs articles sur internet sont consacrés à ce sujet

Lutte physique


En 2006, l'équipe montpelliéraine a mis au point une glu, composée d'huiles végétales, de colophane et de latex naturel.

Voir l’article de PELTIER J.-B. (2007). Une glu salvatrice contre le ravageur de palmiers, Paysandisia archon. INRA, 9 pp. (télécharger)


Lutte biologique

Traitement avec des vers nématodes endopathogènes Steinernema carpocapsae ou de spores de bactéries Beauveria bassiana.



Article rédigé par Marie-Thérèse Ziano
Imprimer cette pageImprimer Télécharger une version PDF de cet articlePDF